Inde : Code de la Route

Entre la théorie et la pratique, le bon sens près de chez vous

Une multitude de règles nationales et locales, mais les motos doivent rouler moins vite que le trafic

Plus de 29 états, 7 unités territoriales, 1 276 000 000 habitants, plus de 3 287 000 kilomètres carrés : la plus grande démocratie du monde est un géant que le visiteur ne peut espérer apprivoiser rapidement. Le poids des coutumes, des castes et des religions s’ajoutent comme autant de règles non écrites, ou écrites, d’ailleurs, puisqu’il existe un droit hindou et un droit musulman, qui viennent compléter une législation d’inspiration britannique. Pour le touriste, tout ceci n’est pas d’une lisibilité évidente ! Cela fait cependant partie des charmes de l’Inde ; charmes qui séduisent de plus en plus au vu de l’activité des agences de voyage qui proposent différents types d’itinéraires (parmi lesquelles on trouve l'agence Vintage Rides basée à Delhi). Il est aussi possible de se rendre par soi-même en Inde et d’organiser son voyage en louant sur place une de ces mythiques Royal Enfield qui sauront vous trimballer en douceur et avec style au rythme de leur monocylindre longue course.

Ce qu’il faut savoir, c’est que la route, en Inde, c’est important : le variété des ethnies et des territoires expliquent un système économique où les échanges ont toujours tenu un rôle essentiel. La première voie de circulation a été tracée dans la vallée de l’Indus, il y a plus de 6000 ans.

De fait, l’Inde possède le second réseau routier du monde, derrière les Etats-Unis, (6 586 000 kilomètres de route contre 4 865 000) et qu’un réseau d’autoroutes (National Highways, il y en a 1208 kilomètres, avec péage), de nationales (State Highways, 17000 km, sans péage), de départementales (district roads), voire de pistes roulantes (rural roads) y est bien structuré. 54 % des routes indiennes sont goudronnées (chiffres 2011). Mais il faut prendre un peu de recul avec les chiffres et les déclarations officielles quand on voit la réalité de la N1 Trans Himalaya Expressway, qui alterne des portions magnifiquement revêtues où il manque juste des vibreurs dans les virages et des zones trialisantes, avec des passages de gués sur des cours d’eaux qui peuvent être assez agités en fonction de la saison. C’est qu’il faut intégrer un paramètre : la météo dont la violence peut mettre à mal le réseau routier, que ce soit dans l’Himalaya où les routes sont virtuellement impraticables la moitié de l’année et où l’on découvre, au printemps, que l’hiver a tout arraché, ou, dans le sud, que la mousson peut faire bien des ravages.

Néanmoins, les travaux de construction ou d’extensions d’autoroutes ont connu une accélération en Inde depuis les années 2000. En 2015, l’ambition était de construire 600 kilomètres de nouvelles routes chaque mois. Eh oui, l’Inde est à une autre échelle ! Pour rouler à moto en Inde, le permis de conduire international est obligatoire.

Limitations de vitesse : théorie et pratique

Bienvenue dans un monde de complexité, à l’image du pays ! Car les limitations de vitesse dépendent de plusieurs paramètres : le type de route et son statut, l’Etat dans lequel cette route est située et la catégorie de véhicules. On constate d’ailleurs que, souvent, la limitation de vitesse autorisée est inférieure pour les motos par rapport aux autres véhicules.

Il faut également savoir que l’immense majorité des motos sont des petites cylindrées locales ou d’origine japonaise et construite sous licence ou joint-venture et qu’elles sont parfois chevauchées par trois ou 4 personnes ! Le port du casque est obligatoire pour le pilote, pas pour le passager (ou la passagère). Un protège-sari empêche les voiles des tenues féminines de se prendre dans la roue arrière. Quant aux enfants ou nourrissons, ils sont souvent tenus à bout de bras ! Cela explique les limitations inférieures concernant les motos.

La pratique du tourisme telle qu’on l’envisage en Europe est seulement en train de démarrer en Inde, grâce à une classe moyenne qui découvre la liberté de voyager. La Royal Enfield Bullet 500 ou surtout la 350 fait encore figure de grande routière, par ses performances et son allonge, mais les Harley-Davidson 500 et 750 Street se positionnent comme challenger tandis qu’un trail sur base de KTM 390 y est très attendu.

Un projet de loi prévoyait récemment d’harmoniser les vitesses à 100 km/h sur autoroute pour les véhicules légers et 65 km/h pour les motos. Il n’a pas été adopté.

L’amélioration du réseau routier va cependant de pair avec une augmentation des vitesses autorisées : selon les Etats, vous trouverez donc des vitesses autorisées de 80 km/h à 100 km/h pour les véhicules légers et de 60 km/h à 80 km/h pour les motos, mais les autorités locales ont le pouvoir de modifier les directives nationales, en fonction de leur appréciation des circonstances.

Cependant, les autoroutes nationales, qui représentent 1,7 % du réseau routier, concentrent 40 % du trafic. Des études montrent que la vitesse moyenne des camions et des bus y est en réalité de 30 à 40 km/h. D'expérience, n'espérez pas vraiment rouler à plus de 70 ou 80 km/h de croisière sur la plupart des autoroutes, 40 ou 50 sur les départementales et de 20 à 30 km/h sur les pistes dans l'Himalaya, voire moins quand les routes étroites obligent fréquemment à des circulations alternées. Calculez donc vos temps de transport sur ces bases...

La vraie problématique n’est donc pas le respect des limitations de vitesse, mais l’adoption d’une vitesse où l’on se sent en sécurité. En fait en Inde, le code de la route est une théorie. Dans la pratique, il n'y a que la règle du plus fort qui prévaut.

Il n’est ainsi pas rare de croiser des camions à contresens sur route mais aussi sur autoroute ; si le chauffeur pense que c’est plus court ainsi entre deux échangeurs. Et la police n’y trouvera rien à redire. Sur une route étroite, vous pouvez vous retrouver face à 2 camions et un bus, chacun essayant de doubler l'autre. Quant à vous qui arrivez en face, vous n'aurez plus de place pour vous sur la route et il vous restera au mieux le bas côté ou le fossé. N'espérez naturellement pas de coup de frein en votre faveur. De la même manière, vous pouvez vous faire doubler à 80 km/h par un bus, qui se rabattra quelques mètres seulement devant vous pour s'arrêter brusquement; chez nous, on appelle cela une queue de poisson hostile. En Inde, c'est non hostile, pas du tout personnel et courant. Aux véhicules s'ajoutent surtout les animaux à qui la route appartient tout autant que les véhicules. Même sur autoroute, une vache peut traverser, tout comme un éléphant ou des piétons représentant autant de chicanes mobiles imprévisibles. Tout peut donc arriver. Autant dire que naturellement, vous limitez votre propre vitesse afin de ne tuer ni un piéton ni un animal. Au final, votre klaxon sera votre élément de sécurité le plus important.

Les contrôles de vitesse étaient, jusqu’à un passé récent, virtuellement inexistants. Dans les grandes villes, les forces de l’ordre commencent à se doter de radars. Telle qu’elle l’est rapportée par les médias locaux, la corruption des forces de police est toujours un problème en Inde et le backshish une réalité.

Accidentologie, alcool et stupéfiants

Les chiffres sont effrayants : il y a plus de 100.000 morts par an sur les routes en Inde. Ceci dit, rapportés à la population, l’accidentologie indienne est globalement au niveau de celles des USA, avec 132 décès par million d’habitants (contre 131 aux States).

Les règles concernant l’alcoolémie varient selon les Etats : dans 5 des 29 d’entre-eux, la consommation est illégale. Dans les autres, le taux d’alcoolémie autorisé au volant peut aller jusqu’à 0,25 ou 0,30, pas plus.

En cas de conduite avec un taux d’alcoolémie supérieur, la sanction peut aller jusqu’à des amendes équivalentes à 1000 euros et 4 ans d’emprisonnement. Les sanctions seront encore plus sévères pour les drogues.

Autres règles d’usage : pas de règle

En Inde, la densité de circulation et des pratiques routières éloignées de ce que l’on rencontre habituellement (camions à contresens, vaches et piétons sur l’autoroute, véhicules très lourdement chargés) peut effrayer. Dans les grandes villes, il n’est pas rare de voir 5 files de véhicules occuper trois voies de circulation. Néanmoins, si la proximité des véhicules les uns par rapport aux autres peut effrayer et si les conducteurs indiens essayent de s’engouffrer dans chaque interstice, tout ceci se fait sans agressivité et à des vitesses moyennes plutôt basses. Il suffit donc d’accepter les règles du jeu : en tant que véhicule « inférieur », la moto doit laisser sa place et le motard doit être extrêmement vigilant dans le trafic !

Avec un peu de bon sens, beaucoup d’humilité et une utilisation intensive du klaxon, il est tout à fait possible de rouler loin et longtemps en Inde. Mais vous ferez finalement tout autant attention à la météo, qui peut transformer radicalement les conditions de roulage dans certaines régions.

Dernière règle : ne pas rouler de nuit est une règle absolue ! Tout ce qui a été énoncé ci-dessus est vrai, mais s'ajoute l'absence d'éclairage des routes et de certains véhicules. Et là, ce n 'est plus une roulette russe mais une roulette indienne, bien plus dangereuse.

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